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Kaléïdos-coop
13 décembre 2007

Aller simple

Aller simple

Il entra dans la pièce et la déshabilla instantanément : ses moindres détails ne lui échappaient plus depuis toutes ces années. Le papier peint défraîchit qui se décolle par endroits, la poussière toujours faite approximativement. Les bouquins entassés près du lit de son côté à elle (parce que lui il ne lit pas, ou si peu !), les photos des enfants au mur, et puis maintenant, depuis peu, celles du petit-fils qui vient de naître. Il s’assit sur le lit, écoutant le silence qui battait en rythme avec les gouttes de pluie qui frappaient au carreau. Il se sentait vide. Juste envie de s’allonger un peu, le temps que ça passe.

 

Il quitta ses souliers, s’appliqua à plier correctement le dessus de lit en le rabattant au pied, posa son pantalon sur la chaise, dégrafa sa chemise et la mit soigneusement par-dessus le pantalon. Et enfin, il s’étendit sur les draps. Il contempla béatement le plafond pendant des minutes qui auraient semblé, à qui aurait été présent, des heures ! Il fixait le vide… il sentait le vide… il se sentait vide… Une raideur dans la nuque le poussa à se tourner un peu… machinalement il le fit de son côté à elle et ses yeux se mirent alors à fixer sa table de chevet. Une lampe. Sa lampe. Un livre avec un marque- page au ruban rouge qui dépassait… et un pompon qui pendouillait à la clef de son tiroir… Il se mit à jouer avec, sans s’en rendre compte, absent comme il était… et puis dans le prolongement de ce geste futile il ouvrit le tiroir… et il les découvrit… collées les unes aux autres…

 

Elle en première communiante, c’est dingue elle ressemble à une mariée ! Sauf que faute de moyens ils s’étaient mariés à la mairie, en petit comité, merci les gars de nous avoir toujours soutenus… Vous étiez toujours là dans les moments difficiles… pour les moments de joie aussi… Quand la grande est née et que la voiture était au garage, vous aviez débarqué tous ensemble… Ils ne comprenaient rien à l’hôpital… Vous m’aviez porté sur vos épaules en hurlant dans les couloirs « C’est lui le père !!! »  Et les infirmières vous avaient fait les gros yeux pour vous faire taire… Qu’est-ce qu’on avait ri… Je n’avais même pas eu le temps de m’inquiéter pour toi ma Belle… ni pour notre mouflet… enfin, notre mouflette…  J’avais une fille !!! Et le soir en rentrant à la maison je vous trouvais toutes les deux à m’attendre… comme c’était bon de rentrer chez nous… Quand elle a eu quatre ans, elle m’avait fait un dessin pour la fête des pères, et de sa petite main elle avait écrit « PAPA »… Tiens d’ailleurs il est où ce dessin ? Comment vais-je désormais faire pour retrouver ce que tu as si bien rangé toutes ces années durant ?... Trois ans plus tard s’annonça la naissance d’un second héritier… Nous étions plus à l’aise financièrement, nous avions même pu nous offrir cette petite semaine à la mer l’été suivant… Tous les quatre : les enfants, toi et moi… heureux d’être ensemble et de marcher sous ce soleil resplendissant… C’est sûrement pour ça que tu as gardé ces photos toutes jaunies par le temps qui passe… Pour te se souvenir de tous ces bons moments quand je te laissais des fois seule à la maison à cause du travail… Pour te souvenir de ces moments passés tous ensemble devenus plus rares depuis que les enfants ont quitté la maison…  Et puis cette-ci sur laquelle on voit ta mère couper leur gâteau d’anniversaire de mariage… Moi aussi j’aurais voulu qu’on les fête nos noces de Diamant… Dis ?! Pourquoi m’as–tu laissé si tôt ? Je vais faire comment sans toi moi maintenant… hein ?! J’aurais voulu que tu reviennes avec moi ce matin, mais non, tu es restée là-bas… Les gars étaient dans le couloir comme il a longtemps maintenant… Mais cette fois,  quand je suis sorti de ta chambre, ils m’ont serré dans leurs bras en me disant « Allez viens mon gars, on te ramène chez toi, tu as besoin de reposer… »

 

Et ton bouquin, hein ? Celui que tu étais en train de lire… Qui va me le raconter maintenant?

 

Allez reviens s’il-te–plaît mon Amour… 9797777ed2fcca7f380b5dc19092ebb0.jpg

 

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Commentaires
R
faudra que tu me dises comment t'as fait... que je sois moins sotte la prochaine fois! ;-)
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R
vilain!
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A
Toujours un plaisir de rendre service... ;)
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R
je savais que je pouvais compter sur toi Ash pour me coller la honte en public! (merci!)
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