Délit à Delhi
Un jour je deviendrai quelqu’un. C’est écrit. Un millionnaire en roupies.
C’est inscrit. Une superstar du box-office. En sanskrit. Originaire des
bidonvilles. C’est ainsi.
En attendant je me réalise, parenthèse exquise et réalise, qu’il me reste
de longues années devant moi. J’ai neuf-dix ans, rêvant en secret de mes
dix-neuf ans, de trouver mon astre, mes véritables passions. Mauvaise caste
mais bonne éducation, médisance, complaisance comme quotidien finalement peu
banal, anormal.
J’ai fait le vœu pieu, l’esquisse, d’un délit à Delhi avec délice, aussi
délicieux qu’un jour de Diwali. Perdu entre le Gange et la Kaveri, Jaipur pour
me purifier, le destin, le soleil qui me sourit, son rai, Aishwarya le rêve,
vivre ma vie comme à Bollywood…
Un jour je deviendrai un homme. Lambda. Un type sans avenir. Limite dada.
Déraciné. Plus de Kannada. Expatrié. Au
Canada.
Là ou je me réalise, parenthèse exquise et réalise, que le temps se dérobe
si vite sous mes pieds. Loin de la terre aride et du souvenir, d’une enfance
triste qui aurait pu faire de moi ce que je ne désirais pas dans le fond, le
tout sans dérision.
Alors j’ai dû prendre une décision, celle de partir. Puis de revenir, en héros,
roi du métal façon Lakshmi Mittal. A mes bras la princesse Nickel, ornée de
parures d’or et d’argent, façonnée Lakshmi, top model.
Car j’ai fait le vœu pieu, l’esquisse, celui d’un délit à Delhi avec
délice, aussi délicieux qu’un jour de Diwali. Mon visage dans le Daily, perdu entre le Gange et la
Kaveri, Jaipur pour me purifier. Puis elle, son sourire, éternel, juvénile,
brillant comme un soleil, son rai, Aishwarya le rêve, vivre ma vie auprès
d’elle, comme une future promesse que je me fais déjà…
J’ai encore le temps pour ça.