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Kaléïdos-coop
13 mai 2009

J'aurais voulu que ce soit la nuit

J'aurais voulu que ce soit la nuit qui voile mon regard. Une nuit sombre et silencieuse, emplie de chaleur à tel point qu'un épais brouillard devienne l'oxygène de toute une vie. Une nuit d'été ou d'automne, je ne sais plus. Sans nuage, mais si noire que la lune ne parvient pas à éclairer mon visage.

Seul, face à la nuit. Je regarde mon avenir avec retenue, les yeux à demi clos, la respiration halletante. Je me retiens presque de penser.

Une nuit inquiétante aux allures dramatiques, au décor meurtrier. Sans arbre ni bestiole, juste un long chemin sinueux, sans gravier ni herbe, le brouillard, rien d'autre. Une nuit, la nuit, gravée dans ma mémoire, sur ma peau comme cette chaleur qui fait perler mon front, et mes yeux.

Je regarde, seul, face à la nuit. Je regarde mais je ne vois plus que ce voile fin qui déborde sur ma peau, sur mon coeur, sur mes pensées. Il pénètre mon âme, l'entoure, se froisse, danse avec mes organes, étouffe mon cerveau, caresse mon sang, endort mes nerfs.

Seul, face à la nuit, j'entends le silence, l'écoute, lui parle, l'appelle. Il me répond avec autant de force que ce voile m'empêche de respirer. Dois-je me laisser prendre par ce voile, dois-je embrasser le silence?

Seul, face à la nuit, je réouvre les yeux, une dernière fois, la toute dernière, l'ultime, l'unique.

Elles sont là. Elles se cachent derrière ce voile, sans pouvoir le retirer, le combattre. Elle me laisse prendre par le voile, me laisse embrasser le silence. Impuissantes. Elles sont là, toutes les trois, m'enchaînent à mon destin en oubliant de sécher les larmes qui roulent sur leurs beaux visages, et que je vois encore. Que je verrai toujours. Des larmes que je ne pourrai sécher, leurs visages, leurs si doux visages qu'il m'est désormais impossible d'admirer.

Le voile se resserre autour de mon coeur, qui bat, bat toute ma vie, tout mon amour, ma haine, mes regrets, mes désirs, qui bat leurs larmes, leurs visages. Mon souffle est lent, long et brûlant. Je ne l'entends pas, je le sens juste sortir de ma bouche comme sort la vie de mon corps. Je me refroidis, me paralyse, m'immobilise.

J'aurais voulu que ce soit la nuit qui voile mon regard. La nuit. Je suis ce voile, qui s'envole, plane au dessus de leur trois silhouettes et les suit, tentant de calmer le cri de douleur qui s'échappe de leurs ombres.

Je ne suis plus qu'un voile brumeux, sombre et chaud, comme la nuit, comme cette nuit. Je consacrerai l'infini du temps à veiller sur elles, pour qu'elles profitent de chaque jour qui illumine leurs visages. Pour que chaque jour, le soleil prenne le battant de leurs coeurs par la main.

J'y veillerai.

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Commentaires
A
Rien à voir avec ton texte, mais quand tu veux tu postes la nouvelle image !!
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I
Tout est dans le titre :-)
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R
...qui puisse écrire ce texte !<br /> <br /> Belle performance ;)
Répondre
Kaléïdos-coop
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