Amours troubles a.k.a. réminiscence
« Mon amour, mon homme, je t’aime,
ad vitam æternam je n’aurais jamais cru, jamais su, que ton amour s’emparerait
de mon âme», t’avais-je dit, le cœur léger, m’amourachant, de souvenirs, de
bribes, que seul ton amour n’aurait pu arracher, à ma mémoire.
Mais j’ai tout oublié, depuis ce jour
où ta fougue s’est pliée, emportée par le démon de midi, me laissant seule,
abandonnée, avec cette nostalgie qui me hante, tous ces moments qui chantent,
se composant à moi tel un mauvais requiem, aux accents blêmes, quelque chose
que le temps veut nous faire oublier. A présent s’est posé le voile fade, le
trouble, comme une question dont je n’obtiendrais jamais la réponse, à savoir
si tu m’aimais vraiment.
« Nos amours nous
emporteront mille ans, de Paris à Milan. Courte sera la distance, mais noble en
sera la prestance », m’avais-tu promis, dans une folie romantique, me
prenant à vif, donnant à mes baisers des airs de jouvence.
Car tu m’avais promis
Byzance, des domaines en Provence, des décors de romance. Tout ceci s’est à
présent envolé, démystifié, ne laissant que des ombres, des personnages
démythifiés, que l’on peut à peine distinguer… Monochromes, monotones. Tristes.
Dans mes rêves, je crois m’y apercevoir, m’y percevoir, à différents âges de ma
vie : jeune fille innocente, naïve ; jeune femme, en quête de
quelconque amour ; et puis, ce qui reste de moi. Finalement.
Je te souhaite la même
chose, mon amour : Quelque chose qui t’enivrera, puis t’envahira, qui te
fera perdre la raison. Qui réduira ton horizon, le rendant amorphe, sinueux,
fait de multiples déroutes. Tu me supplieras alors de revenir, mais il sera
déjà trop tard. Je savourerais mon triomphe, sortie de l’Hadès telle Eurydice,
jolie nymphe. Toi mon Orphée, lorsque Morphée me prendra dans ses bras. Eternellement.