Escale à Newark
Dès l’aérogare, j’ai
senti le choc…Un gosse, au regard glauque, autochtone, haut comme trois blocs,
mangeant son Capitaine Choc,
tranquillement, un glock dans sa poche gauche…
- Shocking ! m’exclamai-je, tel un nanti du Yorkshire. Propriétaire
d’un yorkshire, adepte aux courses de chevaux, fidèle aux paddocks donc.
Mais tout le monde s’en
moque. De quoi devenir fou, presque loque (un peu comme le capitaine Haddock,
lorsqu’il était saoul…)
- Welcome to Newark ! s’exclama l’hôtesse, aussi blonde que Joan
Van Ark, égérie des années quatre-vingt quatre (année des Jeux Olympiques).
A ses cotés un agent de
sécurité, dreadlocks, mangeur de Big-Mac, foutu comme N’Tamack, beau gosse
comme Roselmack…
Mais violent comme un
Bismarck.
- Don’t exceed this mark ! m’avertit-il.
Je recule, et voilà que
je trébuche…sur le vase en teck de mon ami Dvorak, originaire de New York
(rencontré dans l’avion), que je reconnais grâce son anorak. Il m’affirme qu’il
faisait froid sur le tarmac.
Et il avait bien raison…
- On se serait cru en
Antarctique ! Me dit-il, visiblement encore sous le choc.
Je le trouvais vraiment
sympa, ce Dvorak ! Il m’avoua, franchement, sans micmac/équivoque, qu’il
souhaitait se rendre à Innsbruck, Autriche, pour y retrouver son amour, fille
riche, qu’il croisa sur les bancs de Virginia Tech, le temps d’un printemps
jugé platonique de sa part.
Il m’expliqua ensuite qu’il
avait trouvé, pensait-il, la bonne technique pour la faire craquer…
Lui faire danser la Tektonik ? Pensai-je, avant de pouffer, seul.
Il comptait épouser sa
dulcinée. Puis l’emmener en lune de miel, au bout du monde. Au Nunavik.
- C’est encore
l’Amérique ! me dit-il.
- Un peu
l’Arctique ! lui répondis-je, du tac au tac.
Il s’esclaffa. Mais
c’était vrai. Rien qu’à voir cet agent de sécurité, qui me scrutait,
mystérieux, comme dans un film de Kubrick. Menaçant, comme Vic Mackey.
A croire que tout n’est
pas rose au pays de Mickey…
- Routine check, sir ! m’annonça t-il, m’invitant à vider mes pockets.
Là, tout y passe :
mes chèques, mon fric…même mes tics/tiques. Grâce à son Iron Check, ultra sophistiqué.
C’est donc ça l’Amérique ? me demandai-je.
Rock and roll, sans le
chic…
Y a comme un hic, à ma
droite…un type à l’allure caduque, au souffle alambiqué, se trémousse dans tous
les sens, semant la panique dans son entourage.
Quelle mouche l’a piqué ? me demandai-je, de nouveau.
Un type du Connecticut.
Qui venait de se rendre compte qu’il avait laissé son billet de twenty bucks, au comptoir du Starbucks,
juste derrière lui. Le serveur s’appelait Buck, aussi endormi que lui,
d’ailleurs. Blond comme Beck, le talent en moins. Mangeur de rumsteck, gros redneck, adorateur de Rumsfeld.
- I will break your neck, you little prick ! Gimme my twenty bucks
now ! entendis-je.
Comique. Tragique.
Comitragique.
Puis mon vol fut annoncé,
en même temps que celui de Bangkok. Je quittai donc cet aéroport, in the nick of time, car l’ambiance y
devenait vraiment malsaine. Toxique, comme de l’arsenic.
- Tu viendras à mon mariage,
ok ? me demanda Dvorak, toujours avec son anorak, comme ultime requête.
- Okie dokie pokie ! lui répondis-je, en guise d’ultime coup de
poker/Jarnac, comprenez une promesse que je ne pus tenir…
Dix-sept heures vingt
quatre. J’embarque. Je débarque sur le tarmac.