Dernier bastion
Suis-moi
et tu verras… En ce lieu, pays de Cocagne, inspiré par nos âmes, nos promesses.
Nos rêves secrets.
Car
la vie de la ville nous semblait peu à peu monotone, trop bruyante pour nos
sonotones. Trop stressante pour que l’on en raisonne.
Accepte-donc
ce que mon imagination te donne : une place lointaine, où nous serons
seuls, toi et moi, pour savourer les derniers murmures d’un amour vieillissant…
C’est
un endroit qui nous ressemble, fleuri, verdâtre, là où le temps n’a plus
d’importance. Où le soleil s’avance comme une romance, donnant de l’éclat aux
hortensias. L’odeur des lilas nous transportera, celle des camélias nous
enivrera, d’un bonheur méconnu, puis d’une candeur absolue.
Je
t’y vois déjà, bondissante, heureuse, exécutant des pas de danse étranges,
bizarres.
Car
tu es heureuse.
Le
narcisse me rend Narcisse ; La pâquerette te rend si coquette. Je te
redécouvre catherinette, avec ce même regard, celui qui croisa le mien sur ce
quai, métro Corvisart. Tu m’avais offert ta beauté comme une rose, un baiser
enflammé. A ce moment, je ne pensais pas que l’amour nous emporterait si loin,
jusque dans ce paysage, sans horizon. Sans pluie, pour venir t’inonder de
soucis. Sans eaux, pour venir noyer ta joie…
Là
où je te découvre naïade, sirène. Puis fade. Lorsque je pense à ce que la vie
ne nous rendra plus : la jeunesse. La vraie, gage d’allégresse,
d’insouciance. Celle de nos vingt ans, celle qui nous disait que nous étions
immortels, intemporels, voire éternels.
Le
vent des passions passa, puis traça son chemin.
Nous
voilà tous deux, à présent, loin, dans ce dernier bastion. Celui où les cieux
ont des allures de gerbe, teinté de mauvaises herbes, qui peu à peu prennent le
dessus, avec haine.
Peu
à peu se fait entendre le son du requiem.