Les marches de la grandeur
A
l’aube d’un futur lointain, dans des contrées où la réussite et le succès
n’auront plus de secrets pour moi, je gravirai sans doute les marches de la grandeur.
Celles qui m’amèneront vers un sommet, celui des gens hautains et des dénués
d’intérêt.
De
ma tour de Babel, j’observerais le ciel comme on observe la vie, c’est-à-dire d’un
regard routinier et peu émerveillé, de ces petites choses qui me sembleront si
banales, vues à travers mes yeux de grippe-sou. Je serai si haut que je ne
m’imaginerai plus un instant toucher terre, aveuglé par cette opulence et cette
arrogance, qui me caractériseront tant, indéniablement.
Mes
amis deviendront des étrangers, et mes conquêtes de viles prostituées, à qui
j’avais daigné donner un peu de mon amour, un peu de mon temps, à des passions
devenues insignifiantes voire saugrenues, pour le grand homme que je serai,
désormais.
Et
puis un jour, tout s’effondrera. Il ne restera plus rien. Sous les ruines, la
voie de l’humilité, celle qui m’avait tant caractérisé à l’époque où je n’étais
qu’un jeune premier, s’ouvrira à nouveau devant moi, comme pour me donner une
seconde chance, une seconde manière de pouvoir comprendre le monde, mes
contemporains que j’avais tant négligés, dans ma course à la gloriole et aux
richesses éphémères…