Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Kaléïdos-coop
12 décembre 2012

Le roi de l'arène

Un homme face à la foule, droit comme un pique à glace dont il se serait lui-même extrait.

Un  Hibernatus en somme, endormi depuis si longtemps qu’il pense avoir toujours été tel qu’il est. 

Mais le phylum suit l’Homme comme son ombre. L’a t-il oublié ? L’a t-il déjà su ?

Un homme entre les hommes,  né de la glaise, mu par les braises prométhéennes.

Tout enorgueilli  par ce soudain changement de statut (passant de statue à celui d’homme)  il se donne l’apparence d’un dieu.

Arès, dieu de la guerre. Dans cette lutte sanglante et singulière.

Hadès dieu des enfers. Quand le sang coule et s’épanche sous la terre.

Hermès dieu du commerce. Quand les badauds se pressent dans l’arène.

Sa face de glace et son habit de lumière impressionnent par contraste.

Mais une impression reste une sensation jetée dans la gueule de notre imaginaire : de la poudre aux yeux.

Ce costume l’aveugle lui-même, hélas, il  ne sait plus définir ses contours.

On l’acclame, on le hèle, on le désire à chaque banderille plantée.

Après ce long supplice la cérémonie s’achève par une estocade.  Coup fatal, brutal, rituel sans jamais être banal.

La bête chancelle, souffle, elle siffle d’un poumon perforé sa propre marche funèbre…

Notre homme acclamé rend grâce à son public d’une main tendue vers lui.

Magnifique,  flamboyant certes, mais il ne brille pas par son instinct on le sait. Il manque de vigilance grisé par tant de ferveur.

Alors qu’on la pensait sur le point de s’écrouler, la bête le fauche dans un dernier sursaut.

Il n’est plus en mesure de toiser le taureau, il fait corps avec dans un choc titanesque.

Le voile de la morale masque pour un instant encore ce qui unit l’homme et l’animal, mais on voit déjà se dessiner le centaure.

La bête est en lui, il suffisait de lui tourner le dos.

La haine de son A.D.N, son orgueil démesuré lui font  lever les bras au ciel tel un dieu en apothéose.

A vouloir singer le divin, le roi de l’arène se métamorphose en coq : il chante encore les deux pieds dans la glaise.

Il est cuit le coq, façon basquaise.

Publicité
Commentaires
M
très beau texte !
Répondre
H
Eh oui et en entrée: hombre-chevalier en papillote ou encorné farci sur son lit de safran.
Répondre
M
Façon basquaise...oui.<br /> <br /> Avec une viande bien attendrie sous les sabots du marmiton cornu !<br /> <br /> <br /> <br /> :)
Répondre
Kaléïdos-coop
Publicité
Derniers commentaires
Publicité