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Kaléïdos-coop
5 novembre 2010

la mort et l'elastique

sur l'image de la quizaine d'avant, retard impardonnable

Mes yeux se posent régulièrement depuis quelques jours sur un morceau de caoutchouc marron qui traine par terre, salit des poussières de cette pièce.

Des gens ont du marcher dessus.

Les mêmes peut-être qui l’ont fait tomber ici bas.

La fatigue m’empêche de m’interroger sur le pourquoi et le comment de sa présence, là , dans cette chambre d’hôpital. 

En revanche, elle ne m’empêche pas de le fixer sans arrêt des heures durant.

 

Ma vie est un élastique.

Rompu à l’exercice d’étirement, vers le haut, vers le bas.

Qui n’a de cesse de ne trouver aucun point de confort dans la stabilité.

Toujours entre deux mouvements de va et vient.

Tiraillé constamment entre l’utile et l’inutile .

Entre l’envie de vivre et de mourir.

La mort est là, et me tire, et ma vie, hélas, tique.

 

Les vertiges sont désormais récurrents quand je tente de me lever.

La douleur aussi.

Je ne veux plus me lever donc.

Les infirmiers n’insistent pas tant ils ont senti mes forces m’abandonner dans les dernières fois où j’ai essayé.

Il arrive que le tangage vienne s’inviter au fond de ce lit qui ne constitue plus désormais un refuge, mais plutôt un lieu de souffrances permanentes.

Allons bon, voilà que je me rapproche un peu plus de l’océan de la mort.

J’aurais tant voulu ne pas souffrir pour arriver à bon port.

Sans vagues à l’âme. Sans l’âme de fond trop vague et vagabonde. 

 

Ma vie est un bateau.

Rompu à l’exercice de voguer de mouillage en mouillage.

Qui n’a de cesse de ne trouver aucun point d’ancrage définitif.

Toujours entre deux courants, celui du clapotis et celui de la tempête.

Tiraillé constamment entre la belle croisière et la régate de compétition.

L’envie de naviguer et de s’échouer. Ou s’écraser, dans l’arrêt au port.

Ma vie, écueil de l’amer de la mer.

 

Ce matin, mes yeux encore mi clos d’une nuit de sommeil inutile tant l’issue finale a posé sur mes fragiles instants de repos sa pesante empreinte, ont cherché en vain l’élastique.

Comme un repère. Une accroche ultime à ce monde. Un signe.

Il n’était plus là.

Quel sot, pensais-je, de mettre ainsi attaché à lui. Oui c’est ça je suis le sot à l’élastique.

 

Je sentis mon corps frissonner de bout en bout.

Un vide immense m’attira vers lui, me précipitant dans un béant trou noir.

Dans le même temps un éclair zébra mes rétines et mon cœur s’emballa dans une course folle aux palpitations incontrôlables.

Le silence, la peur, puis un râle d’essoufflement émanant de mes poumons brulants.

Enfin, dans un sourire de délivrance je m’évanouis délicatement dans l’au delà qui m’ouvrait ses portes.

Je venais de mourir, j’étais mort …..

 

Je me réveillais en sursaut, dégoulinant de sueur ;cherchant de part en part où j’étais….

Dans mon lit parbleu, venant de faire un cauchemar digne de ce nom.

Ah j’y suis !!

Tout ce mit en place rapidement : tout ça parce que hier sur le bateau de François nous avons évoqué l’idée de faire du saut à l’élastique. Un pari en quelque sorte….que j’ai bien peur de perdre.

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Commentaires
M
Waouh, t'as un fan club, je veux y adhérer tout de suite, quand on parle d'élastique!<br /> Quelle enlevée onirique, quel cauchemar, quelle mort...<br /> J'applaudis l'artiste, j'en veux encore , cette prose,j'adore.<br /> Merci Jime.
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Kaléïdos-coop
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