A ciel ouvert

Je voudrais bien te dire combien j’ai mal mais je n’y arrive pas. Je voudrais bien tout expliquer, mais les mots ne sortent pas. Et puis t’expliquer quoi ?

Je voudrais te rappeler nos rêves à deux, mais à quoi bon ? Ils sont restés coincés sous le paillasson quand tu as fermé la porte en me disant que c’était fini. Alors depuis je tourne en rond comme une âme vagabonde en quête d’une branche sur laquelle me poser. Tentative vaine. Dommage.

Je me sens aussi stupide que cette mouche qui cherche à traverser le carreau de la fenêtre. Je me cogne à la réalité, tout en ne comprenant pas pourquoi je ne peux plus avancer. Je suis figée, brisée, cassée. En panne.

Je voudrais pouvoir pleurer, mais le réservoir est à sec. J’ai juste ce nœud dans l’estomac qui m’empêche de respirer. Si seulement. Même pas cap. J’avoue.

Je voudrais être cette boîte de conserve ouverte qui traine sur le bord de l’évier. Hors d’usage. Vidée. Rincée. Poubelle.

J’y ai pourtant cru au recyclable. Mais il faut croire que la qualité est moindre. Pas de service après-vente garanti. Tu prends, tu jettes. Facile.

Tu fais des plans sur la comète, et moi, comme une conne je me laisse séduire. Pauvre quiche.

J’y ai cru à tes rêves. Même si les miens n’étaient pas loin. Ce n’était certes pas les mêmes. Mais ça pouvait en faire deux fois plus. Non. Trop simple.

Je fume trop, je ne mange plus. Je suis nourrie de rancœur, de tristesse, et d’amertume. Excellent pour la ligne. Pas de vie. Pas grave.

Je me sens comme une de ces cigarettes. Toute blanche, et toute lisse dans l’étui. Bandante. Et puis une fois consommée, rien à faire. Répugnante.

Je me tiens aux murs qui m’emprisonnent. Je voulais juste vivre à ciel ouvert. Pauvre fille.