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Kaléïdos-coop
17 septembre 2009

la classe du conseil

Ça ne rate jamais : mettez trois professeurs dans une même pièce et c’est parti ; peu importe que cela soit un conseil de classe, de discipline, une réunion ou un repas, à chaque fois la discussion aboutira aux élèves qui ne sont plus comme avant, qui n’ont aucun respect ni sens des responsabilités, etc.

Et à chaque fois, un d’entre eux prendra la défense des élèves, qui sont dans une société moins structurée, qui ont d’autres compétences, et la nature humaine, vous savez, c’est la nature humaine…

Une scène bien rodée, que tous les acteurs connaissent par cœur ; à vrai dire peu importe les opinions de tel ou tel, il suffit que tous les rôles soient remplis et si le contradicteur n’est pas là, un autre prendra sa place –celui-là même qui lui donnait la réplique la veille. On n’a pas ce dialogue pour faire progresser le débat, mais pour se rassurer sur notre appartenance à un corps, pour se sentir moins seul après la sonnerie quand on se retrouvera sur l’estrade face à la trentaine d’élèves.

 

Mais voilà l’autre jour, que le scénario a dérapé ; on avait pourtant survécu à la douloureuse saison des conseils de classes et c’était le dernier épisode de ce marathon fastidieux et vain au cours duquel les noms de quelques 650 élèves ont été cités, leur niveau commenté, leur attitude déplorée et leur cas expédié pour ceux dont le nom, trop loin dans l’alphabet, n’évoquait plus aux professeurs que la fatigue et la lassitude. Et voilà qu’au dernier conseil, au moment où des corps avachis n’en peuvent plus de crayonner leurs calepins, ne s’éveillant que pour lâcher des paroles définitives sur des caractères vieux de 12 ans, voilà que dans un beau moment de consensus où tous s’accordaient à trouver irrécupérable un de ces délinquants en culottes courtes, voilà qu’une réplique ne figurant pas au texte jeta un pavé dans la mare.

Un événement inédit, une de ces inepties qui font le scandale des sociétés fermées : voilà que maintenant le directeur décrétait que les élèves étaient éducables. Et puis quoi encore ? qu’en savait-il ? il avait essayé peut-être de faire cours à ce petit monstre ? encore une de ces foutaises pleines de générosités de pseudos pédagogues de bureau qui ignoraient tout du métier de prof !

Évidemment avec son autorité -et sa colère, il a réussi à obtenir le passage de ce petit saligaud. Mais les professeurs ont ceci en commun avec leurs élèves : l’obstination et la capacité de faire pourrir une situation. On aura son compte au cours du premier trimestre l’an prochain. Et il ne nous la ressortira pas de sitôt son éducabilité ! tu vas voir ce que je lui en dirai…

 

En somme, dire que les élèves sont éducables est un optimisme vain puisqu’il suppose qu’il y a des éducateurs.

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