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Kaléïdos-coop
16 septembre 2009

Hé! du con!

     Avant la saison des châtaignes, il y a celle de la rentrée des classes… Selon les années elle joue les prolongations plus ou moins longtemps. Pour certains, même si elle ne date pas encore,  elle est déjà datée : en un seul jour un nouveau calendrier viendra désormais rythmer la vie de la nouvelle année à la manière d’un balancier, calendrier assorti d’un nouvel emploi du temps plus ou moins confortable, auquel s’ajouteront diverses contraintes, des loisirs aux rendez-vous hebdomadaires divers et variés…Pour les autres, cette rentrée, aux conséquences dévastatrices, se prolongera encore sur quelques semaines pour que leur biorythme tente de s’harmoniser avec la cadence effrénée comme une course contre la montre conjuguée à une épreuve d’endurance…Oh ! Les beaux jours que voici ! Un premier janvier qui tombe quelque part entre l’été et l’automne, avec comme il se doit son lot de nouvelles « bonnes résolutions » qui fusent dans tous les sens… Côté femmes : Je me mets au sport, Je poursuis  mon régime, Je prends du temps pour moi, Côté hommes : Je prendrai les enfants plus régulièrement à la sortie des classes, Je rentrerai moins tard du bureau, Je consacre plus de temps à ma famille, Côté ados : J’arriverai à l’heure en cours, J’obéirai à ma mère, Je travaillerai régulièrement cette année…

Non mon (ma) chéri(e), tu ne travailleras pas, cette année non plus… (Ah ?!)) Mais par contre, tu étudieras (ha…)… Quant à savoir si ce sera régulier, il ne tiendra qu’à toi ! En effet, le travail est lié à la notion de salaire, et quand bien même ton argent de poche ferait office de salaire, quel travail fournis-tu en retour ? Ranger ta chambre ? (Tu parles ! ne peut s’empêcher de rétorquer une voix ironique) Mettre la table ? Débarrasser ? Je ne vois pas de travail ici mais juste une manière de participer à la vie de la maison… Comment ça, je suis injuste? Je ne te demande pas encore de faire les courses, de repasser le linge ou bien de passer la serpillère…quand bien même je te le demanderais, serait-ce un travail vraiment ? C’est un échange de bons procédés, voilà tout ! En tout cas, jamais je n’ai mis dans la balance tes résultats scolaires… Il est loin le temps des carottes qui faisaient avancer les ânes affublés d’un bonnet… De temps en temps, tu essayes bien de me rétorquer que je te fais du chantage… Et j’assume, je reconnais t’en faire parfois… Tu iras à ta soirée si cette semaine se passe bien… Implicitement comprenez  Si tu ne mets pas le feu à la maison, si tu n’as pas poignardé l’un de tes profs, ou bien Si tu n’as pas amoché ta sœur… Et c’est au quotidien que je tente de te forger une éducation. Je t’apprends les mots que l’on dit et ceux que l’on ne dit… Je t’apprends à distinguer les gros mots, les mots d’amour, les mots de la fin et les mots-valises…  Je t’apprends aussi avec qui l’on peut dire ceci et qui cela… Je t’apprends à faire attention à toi, à préserver ton intégrité, à décider de ce qui est bon pour toi, et ce qui ne l’est pas… Je t’apprends à respecter les autres et à te respecter toi-même… tout en essayant de te dire comment me respecter moi (mais ça, c’est un autre débat !). J’use d’armes légales et parfois moins, comme le chantage, je fais comme je peux avec les moyens que j’ai (quand j’en ai), parfois avec incohérence. Je me débats moi-même avec mes conflits intérieurs et malgré tout je t’accompagne sur cette route parsemée d’embûches qu’il m’a fallu jadis surmonter moi-même, avec plus ou moins de succès, avouons-le ! car je suis moi-même le fruit d’une éducation que mes propres parents ont tenté de m’inculquer… Tiens d’ailleurs ?! Y sont-ils parvenus ? Comment puis-je le savoir moi-même ? Comment trier ce qui était bon pour moi de ce qui ne l’était pas ? Peut-être de manière spontanée quand je reproduis certains de leurs discours… et que j’ai l’impression d’interpréter le rôle qu’ils ont eux-mêmes sans doute interprété après l’avoir vu interprété par leurs propres parents… Une sorte d’héritage, au détail près qu’il est si implicite qu’on ne peut pas le refuser ! Il est gravé en nous, et c’est à notre tour de nous démerder ave, (et plus tard ce sera à toi de jouer) ! Une sorte de poison injecté dans mes veines au fur et à mesure de l’enfance… puisque je suis aujourd’hui moi-même formatée selon des valeurs que l’on m’a transmises et que je transmets à mon tour…

Je sais que je me plante parfois,  mais où ? Comment mesurer les bénéfices de cette éducation avec laquelle moi-même je navigue à vue ? J’ai appris les règles de politesse puis celles de grammaire et d’orthographe, j’ai appris mes tables de multiplication (à défaut des tables de la loi), ou encore les grandes dates de l’Histoire. J’ai subi l’épreuve des dictées, des interrogations, le calcul mental, les questionnaires auxquels il me fallait répondre… J’ai su quelles erreurs je commettais, souvent je savais aussi pourquoi je les avais commises… L’oubli d’un cahier dans ma case, celui de la mention de l’interro sur mon agenda, ou bien la faute à une déception qui m’aura contrariée, ou bien à des amours déçues… Comment savoir désormais que l’éducation que je tente de t’insuffler est la bonne ? Pas d’évaluation ni même d’école des parents… Je dois me débrouiller et savoir de manière innée comment agir avec toi ?

Je me souviens d’avoir pataugé quand tu venais de naître… J’entendais autour de moi, de nous… Ah mais tu l’allaites encore ? Tu n’as pas peur qu’elle reste dans tes jupes en grandissant ? Parfois quelques minutes plus tard : C’est bien d’allaiter longtemps, ça les protège mieux… M’adressant au pédiatre, je finis par oser lui poser la ridicule question : Combien de temps faut-il allaiter ? Tant que vous le souhaitez, avait-il répondu aussitôt ! Oui mais ça, ça fait combien de jours ? de mois ? d’années ? Il me raconta qu’en Afrique on pouvait allaiter plusieurs années pour mettre les enfants à l’abri de la famine… Alors là-bas personne ne trouverait indécent de mettre son enfant au sein alors qu’il a des dents, des cheveux, la parole ? Finalement je tranchai et fis comme bon me semblait… et continuai à tenter d’ignorer les sarcasmes… apprenant du même coup les prémices de l’éducation…

C’est dingue ! En France si tu n’allaites pas tu n’es pas une bonne mère, si tu allaites plus de trois mois tu deviens suspecte… Les années passent, on finit par oublier si tu as allaité ton enfant (ou pas !),  tant qu’il se porte bien, qu’il grandit bien, on te fout la paix… Et c’est au tour de la maîtresse (puis des profs !) de se mêler de son éducation: parfois elle décide même de te convoquer !  Comme ce mot est vilain, une manière de vous dire « Madame, estimez-vous heureuse ! Aujourd’hui c’est moi, mais demain ce sera peut-être la police ! » Et là, vous assistez impuissante à un réquisitoire concernant  la chair de votre chair, votre tout petit que vous revoyez encore au sein (ou au biberon !) : Il s’amuse, Il ne fait rien, Il s’ennuie, Il baye aux corneilles, Il fout le bordel, Il vous faut mieux le tenir/le dresser/l’élever… On ne vous l’a pas dit exactement dans ces termes mais vous avez bien saisi le message… Et vous avez rongé vote frein pour ne pas gifler cet inquisiteur qui pénètre dans votre intimité avec autorité… Les lèvres vous ont brûlé mais vous vous êtes retenue de lui dire qu’il n’a qu’à faire son boulot correctement, que ses cours sont sinistres, qu’on ne maltraite pas les élèves en les traitant de bons à rien,  que le respect doit être mutuel… et que c’est à lui (elle) le (la) prof, oui le(la) prof, de se remettre en question ! Et non à vous, la mère de cet enfant, qui faites ce que vous pouvez avec les moyens que vous avez (quand vous en avez)…

Et finalement, vous devez admettre, à force de vous remettre ne question, de culpabiliser, de douter de tout, que ce dont vous êtes sûre, (peut-être est-ce la seule certitude qui vous habite concernant cette putain d’éducation dont vous êtes responsable ?), c’est que l’amour que vous éprouvez pour votre enfant est le seul qui doit guider vos pas maternels… et les siens… Et que ceux qui vous chient dans les bottes, vous les emmerdez !

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Commentaires
R
Merci Rachbel! Pas encore pris le temps de vous lire mais ça va viendre!
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R
En voilà un qui secoue, qui s'exprime, qui lève la voix pour se faire entendre, un comme je les aime!
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