devoir du soir...
Nuit noire, heure tardive… Mon esprit lutte
contre cette bête insidieuse qui m’envahit, perce et s’étale en travers comme
une baleine échouée, à la fois désespérée et puissante… C’est là une sensation
que je connais bien, maintes fois vécue et maintes fois vaincue. Va-t-elle
avoir raison de moi en cette nuit ? Vais-je résister à cette pression
déferlante ?
Je me lève, me tourne et
me retourne dans le petit espace où je m’enferme. Je dois continuer, il le
faut. Les lignes délicates du livre devant moi m’attirent… Leurs contours
m’incitent à écrire… Je veux continuer à écrire. Ecrire pour vivre, écrire pour
partager, écrire pour dire, écrire pour taire… juste écrire. Je sens la veine
de ma tempe palpiter comme un écho aux battements de mon coeur léthargique et
mes yeux brûlent.
Hors de moi, chose répugnante, je ne te veux point. Tu n’as pas de droit dans cette contrée qui est la mienne. Sors de ma tête, sors de mon corps. J’ai besoin de répit pour exister, pourquoi ne veux-tu point m’en laisser ?
Las, je sens ta pression
se faire plus forte… Tel un envahisseur, tu broies mes frontières et mes
résistances, déversant le flux de ton énergie dans mon sang. Avec toute la
violence de l’heure inconvenante, tu arraches mes dernières forces. Je
m’effondre…
Tu as gagné... Essoufflée, je t’abandonne mon âme, mon esprit,
ce soir je serais toute à toi. Sommeil, cette nuit, je serais tienne.