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Kaléïdos-coop
15 novembre 2008

Le piège

C’était une de ces aubes où seuls les insomniaques déambulent encore à la recherche d’eux-mêmes. Je marchais le long du trottoir, à imaginer derrière chaque mur deux êtres paisiblement endormis, serrés l’un contre l’autre. A cette heure, tous les volets étaient clos, tous sauf un. Derrière les grilles de la maison, son regard fragile m’a envoûté, comme un appel. La porte s’est entr’ouverte, et je me suis enfoui dans ces bras si improbables et rassurants. J’y suis resté des mois… Je lui ai offert mon corps, mon cœur, ma conscience. Avec une douceur et une subtilité infinies, elle a progressivement tissé sa toile autour de mon âme. Elle m’a séduit, m’a fait rire, m’a fait jouir. Puis lentement, elle a resserré son étreinte pour me détruire. Elle a dévoré mon esprit… Je me suis enfui. Mais pour affronter le monde je n’avais plus les armes. Tout ce que je croisais n’était qu’un miroir de mon inconsistance. J’ai erré des mois, puis je suis revenu un matin glacial où plus rien ne respire. Son portail était ouvert ; en regardant par la fenêtre, j’ai compris qu’elle en avait pris un autre au piège. Elle m’a regardé, et m’a laissé là, dépouillé, pétrifié de tristesse dans son jardin. Nouvelle statue à la vue des passants, comme un avertissement. Ceux qui me osent me regarder ne lisent sur mon visage fissuré que de la solitude. Je ne fais que personnifier l’absence.

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