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Kaléïdos-coop
16 avril 2008

Le bon oeil

On est sur le fil, en me voyant. Je le sais bien.
Dégoût, fascination, curiosité, mépris. Je sens vos réactions. Souvent votre façon de me dire bonjour, ou de ne pas le dire vous trahit. Les femmes sont généralement plus sévères que les hommes dans leur jugement. Probablement parce que les hommes, eux, y voient une portée érotique qui les rend plus indulgents, ou plus curieux. Quel genre de femme peut bien s'infliger pareille torture ? Cette question-ci, les hommes se la posent. Les femmes, souvent, y répondent. Avant même de se l'être posée. Une paumée, une révoltée, une provocatrice, une salope, une malade, une imbécile, une inconsciente, une femme vulgaire, forcément une mauvaise mère, tiens d'ailleurs.

Je me suis fatiguée au début, à expliquer, à rassurer. Mais à quoi bon ? On m'a souvent parlé de l'érotisme de la violence. Je ne nie pas, mais je n'ai jamais compris. De quelle violence parle-t-on, dans ce cas précis ? Je ne me suis pas fait trouer le dos par un capitaine crochet en pleine crise d'hystérie, ni par un mâle dominateur, en mal de body art. Ce n'est pas une performance, ce n'est pas un acte barbare. J'ai eu envie d'une broderie, à même la peau parce que c'est ainsi que je vis, à fleur de peau. L'acte en lui-même n'est pas plus douloureux, ni plus violent que de percer les oreilles des petites filles. Et le résultat, et bien je le trouve sensuel et esthétique. Bien évidemment, ça se discute. Tout comme les coupes de cheveux, la couleur de nos vêtements, la forme de nos chaussures.
Mais la vulgarité et la violence je les vois plus dans le koala en couleur sur un sein silliconé, difficilement bourré dans le soutien gorge léopard d'une désespérée de l'amour que dans mon corset de peau. Ou encore dans un string papillon dépassant du jean taille basse de votre môme de 14 ans, chère Madame, cher Monsieur qui me jugez. Et puis, je l'entends plus dans la bouche de ceux qui pensent de bon aloi de s'adresser à moi comme à la dernière des putains, sous prétexte que je dispose comme je l'entends de mon corps, que dans le léger cri que j'ai étouffé à chaque trou dans mon dos. Dans les propos ignorants, intolérants et xénophobes de ma mère, de mes voisins, de mon concierge.
J'ai une sexualité assumée, une féminité particulière, mais affirmée. Je suis bien dans mon corps, à l'aise avec mes désirs et mes choix de vie. Alors j'assume ces choix. Je ne suis pas de celles qui subissent. La volonté, la haine, les jugements des autres.
Ouvrez sur moi un oeil fraternel. Vous verrez ma douceur. Vous saurez ma gentillesse.
Venez à moi les griffes dehors, vous vous heurterez à ma colère, à ma véritable violence, celle que je réserve aux idiots, aux mauvais, aux frustrés.

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Commentaires
R
et toc! finalement j'vais p't'être le faire pour de bon mon piercing dans le nez!
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Kaléïdos-coop
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