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Kaléïdos-coop
28 novembre 2007

La liberté du petit carnet

Voici pris en flagrant délit les derniers petits instants de liberté humaine.
Cette petite tasse avec son petit sucre, sa petite cuillère et son petit calepin griffoné posé sur une table en vieux bois symbolise peut-être la dernière petite fenêtre de liberté.
Nous avons ici le cliché même de l'accès à la liberté, l'accès à ce grand espace imaginaire qu'est l'écriture, au bout de stylo machouillé en levant les yeux au ciel pour y trouver l'inspiration, à la mise bout à bout de mots pour leur donner un sens, et au grand bien-être que peut inspirer un après midi d'hiver, assis d'une terrasse à griffoner mots au libre cours de son imagination.
Enfin, je crois que c'est ce que certains considèrent, à juste titre probablement, comme LA liberté.
Mais ne nous y trompons pas, cette liberté est toute relative.
Zoom arrière.
A cette table, à côté de cette tasse et de ce calepin, est assis un individu, en l'occurence moi. En tant qu'humain incarné, je suis fatalement enfermé dans ma structure mentale, pris au piège de mes peurs, de mes phobies de mon éducation et des traumas de mon enfance. Et je ne me fais pas le coup du "j'ai suivi une psychothérapie pendant 5 ans...", parce que je sais qu'une vie ne sera probablement pas suffisante à libérer mon esprit de la prison psychologique dans laquelle je vis. Je vais gagner tout au plus une petite amplitude de mouvement après plusieurs années de travail, mais c'est tout.
Donc, ce que je suis, mes vêtements, mes couleurs, ma façon de parler et d'être sont pour partie l'expression de mon emprisonnement mental. La souffrance de l'abandon maternel se traduira forcément quelquepart, sous une forme ou sous une autre, et cet enfermement se verra d'une manière ou d'une autre sur le petit carnet posé sur cette table de bar, malgré la liberté que je veux bien essayer de m'apporter. Je suis prisonnier de mon raisonnement.
Zoom arrière. Vue du dessus, depuis le plafond du bar.
Dans cet endroit se trouvent d'autres personnes, elles aussi enfermées dans leurs peurs et leurs raisonnements, venues ici malgré elles pour les exprimer autour d'un café. Ou autour d'un verre de Ricard, ça dépend de la prégnance de la peur et de la dilution alcoolique nécessaire à sa "supportation".
- Je sais, "supportation", c'est pas français, mais je voulais garder cette tournure de phrase -
Et j'ai bien dit "expression", et pas "échange" parce que nombre de mes congénère a oublié ce qu'est la notion d'échange. Les idées sont prédigérées et perçues via le filtre télévisuel ou radiophonique, donc forcément fausses ou orientées.
Il est donc probable que les idées qui flanent dans ce bar, et que je vais peut-être attraper pour mettre sur mon petit carnet, ne soient que des perceptions erronées d'un monde auquel ce bar ne comprend probalement rien, un peu comme moi, finalement. Je suis prisonnier de mon entourage et de ses idées.
Zoom arrière, carte de France, version météo sur TF1.
Quelle belle prison pour mon esprit, mon pays... Je mange avec une fourchette et un couteau, une fois le matin, une fois à midi, et une fois le soir ,avec entrée-viande-légumes-dessert le midi et le soir, 90-60-90 est mon canon de beauté, je cherche un travail bien payé pour payer mon loyer, j'ai des loisirs le soir et/ou le week-end, j'ai une chérie, et peut-être une maison avec un chien dedans. Telle est ma vie, et je suis enfermé dedans, parce que je suis né dedans. Je ne peux pas accepter l'idée de manger mon grand-père décédé pour absorber son énergie, d'avoir plusieurs femmes, de manger par terre avec les doigts, ou me faire piquer des aiguilles dans le corps pour me soigner. C'est donc que la liberté de mon imagination s'arrête là où ma culture a posé des portes que je ne peux pas ouvrir. Je suis prisonnier du monde dans lequel je suis né.

Devant mon bloc note et mon thé cet après midi, que me reste-t-il comme libre inspiration ?

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Commentaires
R
"kiffer grave" dans le sens "ému au point d'en bégayer" LittleSimon???!!!
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L
En language djeun's, je dirai que je kiffe grave les réactions que ce texte engendre !!<br /> C'est bien évidemment parce que j'ai un attachement plus que viscéral à ma liberté que j'ai écrit ce texte. Vous n'en doutiez pas j'epsère !!<br /> Cela dit, au vu des textes que je lis ici chaque semaine, de leur inventivité et surtout de la multiplcité de point de vue de chacun de nous sur une même image, je crois que nous avons un peu de marge jusqu'à l'aliénation complète de l'esprit.
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L
En language djeun's, je dirai que je kiffe grave les réactions que ce texte engendre !!<br /> C'est bien évidemment parce que j'ai un attachement plus que viscéral à ma liberté que j'ai écrit ce texte. Vous n'en doutiez pas j'epsère !!<br /> Cela dit, au vu des textes que je lis ici chaque semaine, de leur inventivité et surtout de la multiplcité de point de vue de chacun de nous sur une même image, je crois que nous avons un peu de marge jusqu'à l'aliénation complète de l'esprit.
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I
j'aime bien ton texte, Littlesimon.<br /> je me demande juste si ces restrictions dont tu parles s'appliquent à notre liberté. parce que même si on voit pas l'horizon, rien ne nous empêche d'y aller. j'ai l'impression qu'on a la longueur de corde nécessaire, après c'est juste une question d'envie, d'opportunités, de curiosité, non ?<br /> et puis si tu pars du principe que notre esprit est totalement formaté, rien ne nous empêche les collisions avec les autres, leur vision, leur formatage, je suppose, si ?
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R
1/qui est suicidaire?! (qu'j'lui casse la tête!)<br /> 2/ j'ai trop froid pour réfléchir: mes neurones sont gelés! (bon d'accord j'en ai pas beaucoup! c'est justement!)<br /> pour la météo: annonce le retour du soleil et de 30°c sinon tais-toi! :p
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