kingkong & youri

9 octobre 2007

Je range. Je range tout dans des cartons. Pas trop gros, sinon c’est trop difficile à porter. Quand un carton est plein, je le scotche et j’inscris sur ses côtés de quoi il s’agit. Je suis en train de m’occuper du salon, partie bibliothèque. Je remplis lentement, limite religieusement. Je sais que je vais tomber sur eux. Je sais et j’appréhende un peu. Et, inévitablement, ils sont là. Deux presse-livres ridicules. Ils sont vraiment abominables et absolument pas assortis à ma décoration. C’est lui qui me les avait offerts. « Tiens, cadeau ! Pour que tu penses à l’évolution, à la petitesse de notre personne, à l’infinité de l’univers et à la poussière que nous sommes. Et à la magie qui a fait que nous nous trouvions malgré tout, dans cette immensité ». Gadgets auxquels je tiens considérablement. Le seul signe incontestable de son amour pour moi. A cet instant précis, je sais qu’il m’aimait. Pour le reste… J’ai fait attention à ne rien sacraliser depuis qu’il. Nos lieux, je me suis attachée à les visiter avec d’autres, pour mêler les souvenirs. Nos films, je les ai re-regardé rapidement, seule, pour réaliser que je tenais bon. J’ai fait attention à ne rien assimiler à lui qui m’aurait obligé à le perdre à nouveau. Anthropomorphisation de nos souvenirs que je sais destructrice. Mais ils restaient, eux, King Kong et Youri. On les surnommait comme ça, en riant. Hier encore je détournais mon regard quand je les croisais pour saisir un bouquin. Mince. C’est exactement ce moment-là que je voulais éviter. Le questionnement qui reste en suspend : qu’est ce que je fais de ça ? Carton « salon » ou « pour le grenier ». Je me demande quelle place lui faire dans mes souvenirs.

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